Création 2: Déprime nocturne

WereFrog Mer 29 Avr 2009 - 20:02

(mise en contexte: pour un travail de littérature, je devais écrire une auto-fiction, soit un texte qui part de ma vie et que j'exagère pour ajouter de l'imaginaire. Voici le deuxième texte que je vais peut-être remettre à mon professeur.)

Il fait encore noir cette nuit. Sur le plafond de ma chambre se reflète les lumières de la ville, entrecoupées par mes stores horizontaux. Je soupire en regardant l’heure : 2h12. Encore une nuit d’insomnie où je ne sais pas
quoi faire pour appeler le marchand de sable à mon secours. On se sent toujours plus seule la nuit n’est-ce pas? Bien que le jour je ne vois que des visages plats et mornes qui ne me regardent même pas, la nuit je prends pleinement conscience de ma solitude et de mon désarrois face à cette nouvelle vie. À Québec, bien que ce soit 100 fois plus grand que ma ville natale, je ne pensais pas me retrouver face à moi-même. Malgré les « amis proches » que je me suis faite ici, je ne sais pas vraiment à qui confier cette peur de tomber dans le vide en me rapprochant un peu plus du monde urbain. Je ne suis pas faite pour vivre dans la fumée secondaire! Je soupire de nouveau. Je dois me calmer, il ne me sert à rien de paniquer ainsi. Sinon elle va ressortir.

Je l’entends déjà rire dans ma tête. Cette partie de moi qui me suit depuis mon arrivée dans la Capitale. Elle se moque complètement de moi, de ma dépression, de ma perte d’identité. Pour elle, je ne suis qu’un jouet facile à
manipuler et encore plus à briser. Cette voix en moi qui me crie à tous les jours de fuir cette vie et de faire « brûler » tout ce qui m’entoure, tout ce qui me plait, cette voix je la hais. Je l’exècre puisqu’elle fait maintenant partie entière de moi. Dès que ma colère monte et devient rage, elle surgit, saute sur moi comme un loup sur un mouton et elle me contrôle. Je ne lui ai pas donné de nom, car je pense que ça lui donnerait encore plus de
pouvoir et que ça renforcerait ma folie. Je ne veux pas me retrouver enfermée comme ces fous qui croient que c’est Dieu qui leur parle et leur dit quoi faire. Je n’ai pas désiré qu’une partie de moi commence à me souffler tous ces mots qui me déchire de l’intérieur et qui détruit ce que je croyais être.

Peut-être que cette parcelle de moi… Proviens vraiment de la ville. Je ne suis pas faite pour vivre dans la fumée secondaire, j’ai besoin de couleurs primaires. Du vert des arbres, du rouge du soleil couchant et du bleu de la nuit. Je hais les monstres de la ville, ses péchés et ses tueries.

Je soupire de nouveau en me redressant : 4h29. Décidément, ce n’est pas cette nuit que je me sauverai d’elle. Le rêve ne me sauvera pas.