La Maison de Miam
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Création littéraire : La femme au collier blanc

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Création littéraire : La femme au collier blanc Empty Création littéraire : La femme au collier blanc

Message  alex15 Mer 29 Avr 2009 - 20:20

(C'est la création collective qu'on devait faire en équipe de 2 pour le cours de paralittérature. C'est une nouvelle fantastique un peu compliquée parfois... On n'a pas encore eu notre résultat.) Enjoy! Clin d'oeil


25 mai 1986


Cher ami,

Ce que je vais vous raconter s’avère si difficile à concevoir qu’il est de la plus haute importance que vous consentiez à me croire. Il me faut toutefois vous préciser que ma mémoire des circonstances présente quelques lacunes. En outre, le caractère chimérique de mon histoire complique encore ma compréhension de celle-ci. Si je vous partage ces préoccupations, c’est pour tenter de m’éclairer l’esprit, ainsi que pour quérir de plus amples réponses de votre part.

Le 18 octobre passé, comme à mon habitude, j’effectuais la dernière tournée de ma soirée de travail en tant que concierge au Louvre de Paris. (Vous n’en douterez guère, l’art de la peinture me passionne à un point tel que, la nuit tombée, je me plais à admirer la splendeur des chefs-d’œuvre qui ornent les salles du musée. De retour chez moi, je peins alors des heures durant les scènes qui défilent dans mes pensées.) Donc, ce soir-là, je me senti envahi d’une inspiration infinie et je frémis d’impatience à l’idée de peindre. Sans m’en rendre compte, je fermai la porte de l’armoire à balais du musée plus fort que nécessaire. C’est alors qu’un des tableaux, suite à la secousse émise par la porte, tomba dans un tintement métallique, un tintement qui semblait insolite. Intrigué, je m’approchai et découvrit une clef d’allure ancienne. Je me persuadai immédiatement que ce n’était point le fruit du hasard, je me mis donc en quête de la serrure correspondante. En arpentant pensivement les recoins du musée, je me remémorai cette étrange porte verrouillée en permanence dans le sous-sol. Je m’y rendis, j’introduisis la clef dans la serrure, et le déclic se fit. Je poussai la porte, traversai avec dégoût les toiles d’araignée et me dirigeai, à travers les débris qui jonchaient le sol, vers des étagères sombres et poussiéreuses. Elles regorgeaient de vieux pinceaux, de palettes de couleurs séchées, ainsi que de toiles vierges abîmées par le temps. L’atmosphère me sembla tendue, presque palpable. Le sentiment que quelque chose d’anormal allait se produire me prit à la gorge. Aussitôt se manifesta un phénomène fabuleux : un tableau blanc flottait, immobile, dans les airs sans que nul chevalet ne l’eut soutenu. Spontanément, je saisis un pinceau tout près, le dépoussiérai et franchis les quelques pas me séparant de l’objet merveilleux. Comme hypnotisé, je me mis à y disposer les couleurs au rythme des images qui m’apparaissaient, tout d’abord nébuleuses, puis s’éclaircissant graduellement. Ce moment s’étira jusqu’à l’aube, sans que je n’eus conscience des secondes qui s’écoulaient.

Épuisé, j’émergeai de ma transe et mon œuvre se révéla à mes yeux, me laissant interdit. Seul un petit croquis de la taille d’une balle de tennis parait le centre de la toile. Une jolie jeune femme dont chacun des traits étaient peints avec un souci de précision hors du commun. Elle dégageait une telle impression de réalisme. Elle semblait si animée, si vivante. Son regard donnait l’illusion de sonder mon âme, comme si mon enveloppe charnelle n’était que parure éphémère. Mon cœur palpita à sa simple vue. Sa chevelure de braise, tressée de façon négligée et retenue par une pince, dégageait son cou délicat. Ses cheveux dissimulaient à peine un sublime bijou d’or blanc. Son visage fin était de forme ovale, ses yeux en amandes scintillaient d’un vert émeraude éclatant. Son nez et ses lèvres s’avéraient tout simplement parfaits. Son sourire énigmatique était à peine décelable. Je ne pus deviner son expression exacte. Était-elle triste, songeuse ou encore mélancolique? De nombreux questionnements se bousculèrent à l’intérieur de ma tête. Pourquoi cette femme n’occupait-elle que si peu d’espace sur la toile? D’où provenait cette magnifique créature que je n’avais point rencontrée de ma vie? Peut-être avait-elle existé dans un rêve ou dans une vie antérieure? Alors pourquoi avoir choisi ce moment précis pour se manifester à moi à travers la peinture? Car, j’en suis bien convaincu, mon cher ami, ce n’est pas sans raison qu’elle m’est apparue cette nuit. Il me fut toutefois impossible de comprendre le but de cette venue.

Perdu dans mes songes, un élément que je n’avais point encore remarqué attira mon attention. Un minuscule papillon vert perché sur la pince dans les cheveux de la femme. Je me retrouvai ainsi avec un mystère de plus à percer.

La faim me tenailla soudain et je dus quitter la pièce, laissant en plan mon œuvre, pour me diriger vers un café. Je pris soin de verrouiller la porte et de conserver la clef précieusement. À l’extérieur, le matin était déjà bien avancé. J’entrai dans le restaurant sur la rue Saint-Honoré et survolai distraitement le quotidien, préoccupé. Je commandai au garçon un focaccia à la luzerne avec un double espresso court. J’avalai d’un trait mon café et faillis m’étouffer en apercevant un papillon venu se poser sur le bord de la tasse. Je n’eus que le temps d’entrevoir un éclat de couleur verte et il s’envola. Sans réfléchir, je me levai brusquement, manquant de faire tomber la table, et partis à la poursuite du mystérieux papillon vert. Était-ce le fruit de mon imagination, ou ce papillon était réellement celui que j’avais peint cette nuit? Je tentai de ne pas le perdre de vue, ce qui fut une tâche ardue en raison de la difficulté que mettaient mes yeux à le suivre. Je dévalai la rue Saint-Honoré, puis m’engageai à sens inverse au milieu des voitures sur la rue Saint-Roch, passai devant l’Église Saint-Roch de Paris, bifurquai sur Danielle Casanova. Essoufflé, je continuai malgré ma fatigue. Je me posai de sérieuses questions tout en poursuivant ma course dans le labyrinthe des artères parisiennes. Combien de mètres avais-je parcouru ainsi, à traquer ce foutu insecte? J’arrivai à la course folle sur la rue de la Paix, ayant réussi à rattraper le papillon, qui n’était qu’à quelques pas. Il s’immobilisa enfin à la Place de l’Opéra, je pus souffler un peu sans pour autant le quitter des yeux.

Un miroitement soudain m’aveugla par sa brillance. Je tournai la tête vers sa provenance. Quel ne fut pas mon effarement lorsque je réalisai que l’éclat de lumière émanait d’un collier sur le cou d’une femme, qui m’apparut étrangement familière. Elle dégageait une aura fantomatique, comme si elle appartenait à une autre réalité. Je sus instantanément que cette femme, je l’avais moi-même créée sur la toile la nuit précédente. Je chassai le papillon de mon esprit, il ne pouvait qu’avoir intervenu afin de me guider auprès d’elle. Sa beauté était pourtant encore plus grandiose que je ne l’aurais cru. Un sentiment puissant m’envahit, réchauffant tout mon être. Je me jurai à l’instant de ne jamais oublier ce que la vision de cette femme me procura comme bonheur. Cette réflexion m’étonna. Encore faudrait-il que je l’eusse connue davantage pour me promettre un tel serment! Pourquoi cette dame agissait-elle comme un aimant à mon égard? Existait-elle vraiment? Après tout, si je l’eus bel et bien conçue de mes propres mains, elle ne pouvait être constituée de la même matière qu’un être humain. Était-ce un ange? Une illusion? D’ailleurs, pourquoi était-ce précisément ce visage que j’avais imaginé, qu’il ne m’avait jamais été donné de rencontrer auparavant? Je me souvins à ce moment de mon dessin d’elle sur la toile, lequel était si petit. Je songeai alors que si elle occupait une infime surface sur le tableau, c’est qu’elle m’était plutôt insignifiante au départ. Désormais, c’était tout le contraire. Motivé par cette idée, je décidai de m’approcher d’elle, celle-ci se reposant sur un banc. Je l’observai quelques instants, puis m’avançai vers elle, pantelant. Affaibli par le manque de nourriture et de sommeil, ainsi que par l’excès d’émotions et d’interrogations, je m’affalai de tout mon long avant même d’avoir franchi quelques mètres, inconscient.

En ouvrant les yeux, je m’aperçus que le soir tombait. Subitement, les événements de la journée me revinrent à l’esprit. La femme, évidemment, avait disparu. La seule idée que j’eue fut de retourner au musée auprès de mon œuvre. J’ouvris la porte et me précipitai dans la pièce. Ce que je vis confirma mon hypothèse : à présent, l’esquisse de la femme occupait la totalité de la toile. Il existait apparemment un lien entre la dimension de mes croquis et la valeur sentimentale que je leur accordais. Pourquoi cette unique toile permettait un tel dessein? J’avais peint à maintes reprises, néanmoins ce phénomène se produisait pour la première fois. Là-dessus, mon ami, je vous implore d’accepter mes dires. Il n’y avait d’autre explication possible que d’affirmer qu’elle était magique.

Voilà donc ma requête. Ce que je désire ardemment, c’est de rencontrer à nouveau cette femme, elle qui hante et trouble mes nuits et mes jours. Je souhaite de tout cœur que nos destins se croisent pour ne plus jamais se séparer. J’espère que vous consentirez à m’apporter votre aide dans ma tentative de la retracer.

À bientôt, mon ami,
René

6 mai 1990


Cher ami,

Notre correspondance m’a beaucoup apporté. Grâce à vos indices, je crois savoir où elle se trouve. Pour tenter de démystifier les événements des dernières années, je compte bien aller la retrouver. Peut-être possède-t-elle un élément essentiel à la compréhension de cette histoire. Je partirai donc en voyage pour une durée indéterminée; le temps qu’il faudra, je le prendrai. Ne vous inquiétez pas, je continuerai de vous écrire à chaque semaine, pour vous tenir au courant du déroulement de mon enquête.

Avant de vous quitter, je tiens toutefois à vous rassurer sur ma position face à cette aventure. Je suis parvenu à me convaincre que l’épisode de la toile miraculeuse, je l’avais rêvé. Finalement, peut-être n’était-ce qu’une fantaisie de ma part que d’avoir inventé toute une stratégie pour enjoliver la réalité. La vérité, c’est que j’étais tout simplement tombé amoureux, au premier coup d’œil, de cette femme. C’est donc ce à quoi je me suis accroché durant ces quatre années, où j’ai repris ma routine de concierge, sans peindre toutefois.

Cordialement,
René


14 mai 1990

Cher ami,

Je vous ai confirmé la semaine dernière que je m’étais fait à l’idée que l’épopée fantastique de la toile mystérieuse n’avait jamais eu lieu. Je suis peut-être fou, pourtant je me vois dans l’obligation de rectifier ces paroles.

C’est que l’idée farfelue de peindre à nouveau sur le tableau me tourmentait. Récemment, je suis retourné dans la pièce du sous-sol du musée, sans croire que ce dont j’avais été témoin fut réel. Contrairement à mes attentes, le tableau planait toujours dans le vide, comme figé par le temps. Or, mon ébauche avait disparu, laissant la toile de nouveau vierge. Le même scénario se répéta : je me rappliquai à peindre toute la nuit durant. Au matin, lorsque je repris mes esprits, je me rendis compte que mon explication rationnelle ne tenait plus. Cette fois, l’illustration représentait la même femme qui m’obsédait, une clef ancienne que je connaissais trop bien dans sa main, devant une porte. J’entendis alors la serrure cliqueter


26 mai 1990

Cher René,

Voilà bien deux semaines au moins que je n’ai eu de vos nouvelles. Je me fais du souci pour vous, qui aviez promis de m’écrire à chaque semaine. Que se passe-t-il? Il me semblait que vous auriez sûrement beaucoup de détails à me raconter de votre voyage. J’ai bien peur que vous ne soyez réellement parti. Je me vois obligé de me rendre à votre logement, histoire de m’assurer que tout y est en ordre.

Affectueusement,
Sylvain



Le 27 mai 1990, Sylvain se rend à l’appartement de René. Il n’y trouve nulle trace de son ami. Toutefois, il découvre une lettre inachevée par celui-ci, celle en date du 14 mai. Aucune explication ne peut en être déduite. Le seul indice qui intrigue Sylvain, c’est que le nécessaire de voyage de René est resté dans l’appartement. Il demeure quelques instants dans le salon pour y réfléchir, puis aperçoit un collier d’or blanc sur la table du séjour. Curieusement, au fur et à mesure qu’il s’approche de l’objet, sa taille s’accroît, s’accroît…
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