Style Nelligan

Épave qu’est mon cœur

Bercé par une mer de mots inutiles,
Mon amour rouge se laisse, docilement, dériver vers l’île,
Les rochers, ombres des Grands Gens, l’attendent patiemment,
Pour le délivrer de cette trop mouvementée océan.

Ne lui jetez pas de bouées, Vous ses amants;
Il vous fuit pour sombrer du pont du temps,
N’essayez pas de le sauver avec vos perches,
La Mort Bleue est celle qu’il recherche.

L’oiseau vole au-dessus de cette épave,
Les ailes ouvertes, se moquant de mon amour manchot,
Lui s’approchant de plus en plus des ombres en lave,
Toujours, Sans relâche ni incertitude, il est porté par les flots.

Grands Gens, riez de mon cœur à la dérive!
Il ne vous entend plus sous les eaux hâtives,
Qui le pousse, à la vitesse d’une locomotive,
À dévaler les rimes de son Ivresse Ivre.

À l’heure de l’impact fatal,
Mon amour rouge, sortant de sa méprise, veut retourner à son idéal,
Regrettant son Bonheur, sa Joie passé,
Mais ne pouvant retrouver sa Destinée…

Mon amour rouge ne pu être qu’Esclave,
Toujours si doux, si jovial,
Pour empêcher l’enfer, pour tuer le Mal,
Pour achever son Périple en épave…